Le 10e anniversaire de l’attaque de Two Ghoutas : La plus importante attaque à l’arme chimique menée par le régime syrien contre des citoyens syriens

Bien qu’une décennie se soit écoulée depuis la plus grande attaque à l’arme chimique de l’ère moderne, le régime criminel est toujours protégé par son impunité.
Communiqué de presse :
La Haye – Le Réseau syrien pour les droits de l’homme a publié aujourd’hui une déclaration marquant le 10e anniversaire de la plus grande attaque chimique du régime syrien qui a visé Deux Ghoutas, dans laquelle le groupe souligne que bien qu’une décennie se soit écoulée depuis la plus grande attaque à l’arme chimique de l’ère moderne, le régime criminel est toujours protégé par son impunité.
La déclaration résume d’abord les événements du 21 août 2013, notant que les détails de l’attaque chimique contre les deux Ghoutas démontrent que le régime syrien avait un objectif prémédité et délibéré de tuer autant de résidents que possible, y compris des femmes et des enfants, dans le but calculé de les gazer silencieusement et mortellement dans leur sommeil, réduisant ainsi au minimum toute chance de survie. La déclaration ajoute que le temps dans la région devait être relativement frais et calme entre 2 heures et 5 heures cette nuit-là, ce qui signifie que les responsables savaient que l’air serait calme et que le gaz toxique lourd dériverait naturellement vers le bas et se déposerait au niveau du sol au lieu d’être emporté par le vent.
Comme l’indique la déclaration, les 1 144 personnes tuées lors de l’attaque de cette nuit-là ont été asphyxiées par les armes chimiques utilisées. Parmi elles, 1 119 civils, dont 99 enfants et 194 femmes (femmes adultes), tandis que les 25 autres étaient des combattants de l’opposition armée. En outre, 5 935 survivants ont souffert de graves problèmes respiratoires et de suffocation. La déclaration observe en outre que le nombre de victimes de l’attaque de Two Ghoutas représente 76 % de toutes les victimes tuées dans les attaques aux armes chimiques menées par le régime syrien entre décembre 2012 et la dernière attaque connue aux armes chimiques documentée dans la base de données du SNHR, qui a eu lieu en mai 2019 à al-Kbeina, dans la région rurale de Lattaquié.
La déclaration note également que, comme l’atteste la base de données du SNHR, un total de 222 attaques à l’arme chimique ont été documentées en Syrie depuis la première utilisation documentée d’armes chimiques le 23 décembre 2012 jusqu’au 20 août 2023. Environ 98 % de toutes ces attaques ont été menées par les forces du régime syrien, tandis qu’environ 2 % l’ont été par l’ISIS. La déclaration ajoute que les 217 attaques à l’arme chimique menées par le régime syrien ont entraîné la mort de 1 514 personnes, réparties en 1 413 civils, dont 214 enfants et 262 femmes (femmes adultes), 94 combattants de l’opposition armée et sept soldats du régime syrien qui étaient détenus dans des prisons de l’opposition armée. Les attaques à l’arme chimique menées par le régime syrien ont également blessé 11 080 personnes, dont cinq soldats du régime détenus dans les prisons de l’opposition armée.
Entre-temps, ISIS a mené cinq attaques à l’arme chimique entre le 9 avril 2013, date à laquelle le groupe est apparu pour la première fois en Syrie, et le 20 août 2023, qui ont toutes eu lieu dans le gouvernorat d’Alep. Au total, 132 personnes ont été blessées dans les attaques à l’arme chimique menées par ISIS.
La déclaration divise également les 222 attaques à l’arme chimique en fonction des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui traitent de l’utilisation des armes chimiques – le régime syrien a mené 33 attaques avant la résolution 2118 du Conseil de sécurité et 184 après, tandis que 115 attaques à l’arme chimique ont été menées après la résolution 2209 du Conseil de sécurité. En outre, le régime syrien a mené 59 attaques après la mise en place du mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU (JIM) et les résolutions 2235 du Conseil de sécurité. Les cinq attaques menées par ISIS, ajoute la déclaration, ont toutes violé les résolutions 2118, 2209 et 2235 du Conseil de sécurité.
La déclaration tient le chef du régime syrien et commandant en chef de l’armée syrienne Bachar Assad pour responsable du déplacement et de l’utilisation d’armes chimiques. La déclaration souligne que des actions bien moins importantes n’ont pas lieu sans qu’il en soit pleinement informé et qu’il les approuve, en raison de la structure opérationnelle hautement centralisée du régime syrien. L’utilisation d’armes chimiques, ajoute la déclaration, est une politique calculée pour le régime syrien, basée sur une décision centrale et exécutive, dans laquelle les institutions militaires et de renseignement sont incriminées, en particulier les dirigeants de la Direction générale du renseignement militaire, de la Direction du renseignement de l’armée de l’air, du Bureau de la sécurité nationale et du Centre syrien d’études et de recherches scientifiques (en particulier l’Institut 1000 et la Branche 450). Les données du SNHR montrent que pas moins de 387 personnes, qui sont des officiers militaires de haut rang, des responsables de la sécurité et du personnel civil et militaire, ont été impliquées dans cette attaque. Tous ces individus ont légitimement mérité leur place sur les listes de sanctions des États-Unis et de l’Union européenne.
La déclaration appelle le Conseil de sécurité des Nations Unies et l’ONU à imposer des sanctions économiques, politiques et militaires au régime syrien en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, ce qui constituerait une compensation symbolique pour les familles des victimes. La déclaration demande également au Conseil de sécurité des Nations unies et à l’ONU de poursuivre les responsables dont nous avons publié les noms et les coordonnées, d’enquêter sur l’étendue de leur implication dans l’utilisation d’armes chimiques et de les ajouter aux listes des personnalités sanctionnées et des commanditaires de terrorisme.
La déclaration souligne également que la Cour pénale internationale (CPI) doit être saisie de l’affaire syrienne et que toutes les personnes impliquées doivent répondre de leurs actes. Une autre option serait de créer un tribunal spécial pour juger les personnes impliquées dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis contre le peuple syrien, afin de contribuer à mettre fin à l’impunité honteuse qui dure maintenant depuis plus d’une décennie.
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